Le voyage dans l’antiquité ne ressemblait pas au voyage moderne de nos sociétés contemporaines, et l’hospitalité était vécue différemment. Chez les Grecs et les Romains c’était une obligation et une norme sociale universelle de recevoir chez soi un étranger, de le loger et de le nourrir. Cette obligation ne s’étendait pourtant pas jusqu’à entrer en relation avec son invité. L’hospitalité institutionnalisée tendait alors à donner une part moindre à l’implication humaine de l’hospitalité et à privilégier son aspect pratique.
L’hospitalité chrétienne, héritage de l’envoi en mission des disciples du Christ, apporte un sens nouveau à l’hospitalité. Elle innove par la manière d’accueillir un hôte, mettant au premier plan la rencontre. L’accueil de l’autre devient acte d’hospitalité avant même l’acte pratique d’hébergement. La liberté est également mise au cœur de l’hospitalité, laissant à l’hôte le choix d’accueillir ou non, redonnant ainsi toute sa valeur à l’accueil. Recevoir devient alors une expérience, une aventure humaine et fraternelle où l’hôte n’ouvre plus seulement sa maison à son prochain, mais aussi son cœur.
Après la résurrection de Jésus Christ, ses disciples sillonnèrent la Judée et la Galilée et le bassin méditerranéen pour témoigner de leur foi. Ils profitaient alors de l’hospitalité des habitants des régions qu’ils traversaient. Saint Paul dit à cette occasion à ses compagnons romains « Partagez avec les saints selon leurs besoins. Suivez la voie de l’hospitalité » (Romains 12, 13). C’est lors de ces voyages que Saint Paul et Saint Luc rencontrèrent Lydie qui leur ouvrit sa maison. Née en Grèce, Lydie s’installe à Philippes en Macédoine où elle rencontre les deux missionnaires qu’elle héberge : « Si vous voulez bien me considérer comme une servante de Dieu, descendez chez moi » (Actes des Apôtres 16, 11). Elle fut convertie grâce à cette rencontre et devint la première habitante chrétienne de Philippes et d’Europe.
L’hospitalité n’est alors plus seulement l’obligation d’hébergement mais bien la source de rencontres riches et un biais de diffusion du message d’amour du Christ. Cette richesse spirituelle et intellectuelle de la rencontre pour les hôtes – accueillant ou accueilli – était devenue centrale par le sens nouveau donné par le Christ à l’accueil.
« N’oubliez pas l’hospitalité ; car, en l’exerçant, quelques-uns ont logé des anges, sans le savoir » Hébreux 13:2.